Les problèmes de santé mentale touchent un Français sur cinq, représentant un véritable enjeu de santé publique. Ces troubles psychiques, tels que la dépression, l’anxiété ou la schizophrénie, ont des répercussions majeures sur la vie des personnes atteintes et de leur entourage, ainsi qu’un coût sociétal considérable, estimé à 109 milliards d’euros par an en France. Mais quels sont les cinq facteurs contribuant aux problèmes de santé mentale ? Découvrons ensemble les causes multifactorielles de ces maladies psychiatriques.
Bon à savoir : La santé mentale, selon l’OMS, est un état de bien-être permettant à chacun de surmonter les stress de la vie et de travailler de manière productive. Nous avons tous une santé mentale, comme une santé physique, qui peut être bonne ou mauvaise. Il existe un continuum entre santé mentale positive et troubles psychiques d’intensité variable.
Des prédispositions génétiques et biologiques
Certains individus présentent une vulnérabilité génétique aux troubles mentaux. Des variations dans des gènes impliqués dans la régulation de neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine peuvent augmenter le risque de développer une dépression ou une schizophrénie. Cependant, posséder ces variations génétiques ne suffit pas à déclencher la maladie : c’est l’interaction complexe entre les gènes et l’environnement qui est déterminante.
Des déséquilibres neurochimiques, comme un déficit en sérotonine dans la dépression, sont également incriminés. La recherche tente de mieux comprendre ces mécanismes biologiques pour développer des traitements ciblés, comme les antidépresseurs qui augmentent le taux de sérotonine disponible dans le cerveau. Malheureusement, en France, seulement 2% du budget de recherche biomédical est alloué à la psychiatrie.
L’impact du stress et des événements de vie difficiles
Le stress chronique et les traumatismes psychologiques sont des facteurs de risque majeurs des troubles mentaux. Un stress important vécu par la mère pendant la grossesse peut affecter le développement cérébral du fœtus et augmenter le risque de troubles psychiques chez l’enfant. De même, les complications pendant la grossesse et l’accouchement sont associées à un risque accru. Les événements difficiles durant l’enfance, comme les abus, la négligence ou la séparation parentale, fragilisent également la santé mentale.
Ces expériences stressantes vont durablement perturber le fonctionnement de l’axe du stress, qui relie le cerveau, les glandes surrénales et le système immunitaire. Elles peuvent aussi modifier l’expression de certains gènes via des mécanismes épigénétiques. Résultat : les personnes ayant subi ces traumatismes ont plus de risques de souffrir de dépression, de troubles anxieux ou d’addictions à l’âge adulte.
Exemple : Léa, 30 ans, souffre de dépression depuis l’adolescence. En thérapie, elle réalise que les violences physiques subies dans l’enfance de la part de son père et le divorce conflictuel de ses parents ont laissé des traces. Avec l’aide de son psychiatre, elle apprend à mieux gérer son stress et à se reconstruire.
L’influence délétère de certains modes de vie
Nos habitudes de vie ont un impact direct sur notre équilibre psychique. Un manque de sommeil chronique perturbe l’humeur et les capacités cognitives. Il est fréquent chez les personnes souffrant de troubles mentaux. La sédentarité et l’absence d’activité physique sont aussi délétères, alors que faire du sport régulièrement aide à réduire le stress et l’anxiété.
Une alimentation déséquilibrée, pauvre en nutriments essentiels comme les oméga-3 ou certaines vitamines, semble aussi jouer un rôle. Enfin, la consommation excessive d’alcool, de drogues ou de tabac est un facteur de risque bien connu des troubles psychiques, en particulier des troubles bipolaires et des psychoses comme la schizophrénie.
À noter : Adopter des comportements favorables à la santé mentale est essentiel. Cela passe par une bonne hygiène de sommeil, une activité physique régulière, une alimentation équilibrée et la gestion du stress, via la relaxation ou la méditation par exemple.
Un environnement de vie défavorable à la santé mentale
Notre lieu de vie peut aussi influencer notre bien-être mental. Vivre dans un environnement urbain bruyant, pollué et surpeuplé augmente le stress et le risque de troubles psychiques par rapport à un cadre rural plus paisible. L’isolement social et le manque de soutien sont d’autres facteurs délétères, alors que cultiver des relations sociales positives protège la santé mentale.
Des conditions socio-économiques difficiles, la précarité, le chômage sont aussi des terreaux fertiles pour les problèmes de santé mentale. Les personnes en situation de handicap, atteintes de déficits sensoriels (surdité, cécité…) ou appartenant à des minorités discriminées sont également plus à risque, du fait du stress quotidien lié à leur condition.
Quand maladie physique et mentale sont liées
Les troubles mentaux sont fréquemment associés à des problèmes de santé physique. Les personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète, les pathologies cardiovasculaires, les cancers ou les maladies neurologiques (épilepsie, maladie de Parkinson…) ont un risque accru de dépression. Ces maladies représentent un fardeau psychologique important et peuvent directement affecter le cerveau.
Inversement, les troubles psychiques ont des conséquences sur la santé physique. Les personnes atteintes ont souvent des comportements néfastes (tabagisme, sédentarité, alimentation déséquilibrée), qui les exposent à diverses maladies. De plus, certains psychotropes comme les antipsychotiques favorisent la prise de poids et les troubles métaboliques.
Exemple : Pierre, 55 ans, est atteint de schizophrénie. Grâce à un traitement antipsychotique, il n’a plus de délires ni d’hallucinations. Mais il a pris 20 kg et développé un diabète, ce qui nécessite un suivi somatique régulier. Son psychiatre travaille en lien avec son médecin généraliste pour surveiller ces effets secondaires et adapter si besoin son traitement.
Ainsi, les troubles mentaux sont des maladies complexes résultant de l’intrication de multiples facteurs de risque. Si certains comme la génétique sont peu modifiables, d’autres comme le mode de vie ou l’environnement peuvent faire l’objet d’actions de prévention. La recherche doit se poursuivre pour mieux comprendre les mécanismes impliqués et développer des stratégies de promotion de la santé mentale.
Le dépistage précoce et la prise en charge adaptée des personnes atteintes sont aussi cruciaux, afin d’éviter les conséquences délétères de ces maladies sur la vie sociale, professionnelle et affective, et de prévenir le handicap et le risque suicidaire. Des moyens supplémentaires doivent être alloués à la psychiatrie, parent pauvre de notre système de santé. Ensemble, œuvrons pour faire tomber les tabous et la stigmatisation qui entourent encore trop souvent ces maladies psychiatriques dans notre société.
Bon à savoir : En France, la prévalence vie entière (sur toute la durée de vie) est estimée à :
- 15% pour la dépression, soit près de 10 millions de personnes
- 13% pour les troubles anxieux
- 1% pour la schizophrénie, soit 600 000 personnes
- 1% pour les troubles bipolaires
- 1% pour les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie)
L’essentiel à retenir
- Les troubles mentaux sont des maladies multifactorielles résultant de l’interaction complexe entre des facteurs de risque génétiques, biologiques, psychologiques, environnementaux et liés au mode de vie.
- Certains facteurs de risque sont peu modifiables, comme la génétique, mais d’autres peuvent faire l’objet d’actions de prévention, comme le stress, l’alimentation, l’activité physique ou l’environnement de vie.
- Le dépistage précoce et la prise en charge adaptée des troubles mentaux sont essentiels pour éviter leurs conséquences délétères sur la vie des personnes atteintes et réduire leur impact sociétal et économique. Cela passe par une meilleure allocation des moyens à la psychiatrie et par la lutte contre la stigmatisation de ces maladies dans notre société.