Quelle est la maladie mentale la plus fréquente ?

Quelle est la maladie mentale la plus fréquente

Les troubles mentaux font partie des affections les plus répandues dans le monde, touchant des millions de personnes chaque année, sans distinction d’âge, de sexe, d’origine ethnique ou de milieu social. Pourtant, malgré leur prévalence élevée, ces maladies psychiatriques restent encore mal comprises et stigmatisées. Alors, quels sont les troubles mentaux les plus fréquents ? Qui est concerné ? Comment se manifestent-ils et quels sont les facteurs qui influencent leur développement ? Découvrons ensemble les réponses à ces questions essentielles pour mieux comprendre ces affections qui impactent la santé mentale.

Les troubles mentaux, un enjeu majeur de santé publique

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les troubles mentaux représentent l’une des principales causes d’invalidité et de handicap dans le monde. On estime qu’une personne sur deux sera confrontée à un trouble mental au cours de sa vie, ce qui montre l’ampleur de cette problématique. Au Canada, environ 20% des adultes sont touchés chaque année par un trouble mental, qu’il s’agisse d’un épisode dépressif, de troubles anxieux, de troubles bipolaires ou encore de schizophrénie. Par exemple, la dépression touche près de 10% de la population chaque année, tandis que le trouble bipolaire concerne 1 à 2% des individus.

Au-delà de leur prévalence, les maladies mentales ont un impact considérable sur la vie des personnes atteintes et de leur entourage. Elles peuvent affecter significativement le fonctionnement au quotidien, que ce soit au niveau personnel, familial, social ou professionnel. Pourtant, malgré la souffrance qu’ils engendrent, moins de la moitié des personnes concernées par un trouble mental consultent un professionnel.

La stigmatisation, le manque d’information et la difficulté d’accès aux soins expliquent en partie ce phénomène. Les conséquences peuvent être graves, puisque les troubles mentaux non traités sont associés à une moins bonne qualité de vie, des relations sociales et familiales détériorées, des difficultés scolaires ou professionnelles, et même une espérance de vie réduite en raison du risque suicidaire accru et des maladies physiques fréquemment associées.

Bon à savoir : Contrairement aux idées reçues, les troubles mentaux ne sont pas dus à un manque de volonté ou une faiblesse de caractère. Ce sont des maladies à part entière, qui résultent de l’interaction complexe de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.

Les troubles dépressifs, les plus fréquents des troubles mentaux

Parmi les maladies psychiatriques les plus répandues, les troubles dépressifs arrivent en tête de liste. La dépression se caractérise par une humeur triste et une perte d’intérêt pour les activités habituellement appréciées, associées à d’autres symptômes comme une grande fatigue, des troubles du sommeil et de l’appétit, une dévalorisation de soi et dans les cas les plus graves, des pensées suicidaires. Sans prise en charge adaptée, un épisode dépressif peut durer plusieurs mois, voire devenir chronique.

Bien que la dépression puisse survenir à tout âge, elle apparaît souvent pour la première fois chez les jeunes adultes. Les femmes sont près de deux fois plus touchées que les hommes. Certains événements de vie difficiles comme un deuil, une perte d’emploi ou une séparation peuvent favoriser le déclenchement d’une dépression, en particulier chez les personnes présentant des facteurs de vulnérabilité comme des antécédents familiaux ou un tempérament anxieux.

Il est essentiel de consulter un médecin ou un psychiatre lorsqu’on présente des symptômes dépressifs, afin d’être orienté vers les traitements les plus appropriés. La psychothérapie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, est souvent proposée en première intention. Dans les formes modérées à sévères, des antidépresseurs peuvent être prescrits en complément.

Exemple : Sophie, 30 ans, traverse un épisode dépressif depuis plusieurs semaines suite à une rupture amoureuse. Malgré le soutien de ses amis, elle n’arrive plus à prendre de plaisir aux activités qu’elle aimait, a des difficultés à se concentrer au travail et dort très mal. Encouragée par sa famille, elle décide de consulter son médecin traitant qui l’oriente vers un psychiatre. Grâce à la mise en place d’un suivi combinant psychothérapie et traitement antidépresseur, Sophie commence à aller mieux au bout de quelques semaines et retrouve peu à peu son énergie et ses envies.

Les troubles anxieux, quand l’anxiété devient envahissante

L’anxiété est une émotion normale qui nous permet de faire face aux situations stressantes ou potentiellement dangereuses. Mais lorsqu’elle devient excessive, incontrôlable et qu’elle se manifeste même en l’absence de menace réelle, on parle alors de troubles anxieux. Il en existe plusieurs types, comme le trouble panique, caractérisé par des attaques soudaines de panique avec sensation de danger imminent, le trouble d’anxiété généralisée, marqué par des inquiétudes permanentes, ou encore les phobies spécifiques.

Comme pour la dépression, les troubles anxieux touchent davantage les femmes et débutent généralement à l’âge adulte jeune. Outre un tempérament anxieux, certains facteurs environnementaux comme des événements traumatiques peuvent favoriser leur apparition. Le traitement repose sur les psychothérapies, en particulier les thérapies cognitivo-comportementales qui aident à modifier les pensées et réactions face à l’anxiété.

Des médicaments comme les anxiolytiques peuvent être prescrits transitoirement en complément. Certaines approches corps-esprit comme la relaxation, la méditation ou le yoga peuvent aussi aider à mieux gérer le stress et l’anxiété au quotidien.

A noter : Si une anxiété passagère est fréquente et sans gravité, il est important de consulter lorsqu’elle devient invalidante au quotidien. Un trouble anxieux non pris en charge peut considérablement altérer la qualité de vie et favoriser l’apparition d’autres problèmes comme une dépression ou une addiction.

Les troubles bipolaires, l’instabilité de l’humeur

Autrefois appelés psychose maniaco-dépressive, les troubles bipolaires se manifestent par une alternance de phases dépressives et de phases d’excitation appelées phases maniaques ou hypomaniaques selon leur intensité. Lors des épisodes maniaques, la personne présente une humeur exaltée, une augmentation de l’énergie et une accélération des idées et des activités, pouvant la conduire à des comportements inhabituels et risqués. Entre ces différentes phases, la personne retrouve généralement un état stable.

Le trouble bipolaire touche environ 1 à 2% de la population, avec des premières manifestations souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Les facteurs génétiques jouent un rôle important dans le déclenchement de ce trouble.

La prise en charge repose sur des traitements médicamenteux comme les régulateurs de l’humeur, associés à un suivi psychiatrique au long cours. Il est essentiel d’éviter les facteurs déclenchants comme le stress intense ou le manque de sommeil, et d’être attentif aux signes annonciateurs d’une rechute. Les groupes de soutien entre pairs peuvent aider à mieux vivre avec la maladie.

Exemple : Depuis l’adolescence, Paul connaît des épisodes d’excitation inhabituels durant lesquels il dort très peu, se lance dans de multiples projets et peut se montrer irritable. Ces épisodes alternent avec des périodes où il se sent abattu, n’a plus d’énergie et des idées noires. Après une hospitalisation en psychiatrie suite à un épisode maniaque, un trouble bipolaire est diagnostiqué. Grâce à un traitement par thymorégulateur et un suivi régulier, Paul arrive à mieux gérer ses variations d’humeur et à anticiper les rechutes. Le soutien de sa famille et sa participation à un groupe d’entraide sont pour lui des aides précieuses.

Le trouble de stress post-traumatique, quand le traumatisme laisse des traces

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) peut survenir suite à un événement traumatisant comme un accident grave, une agression, un attentat ou encore une catastrophe naturelle. La personne revit l’événement de manière répétée et envahissante à travers des cauchemars ou des flash-backs, et évite toutes les situations qui pourraient lui rappeler le traumatisme. Elle présente également une hypervigilance et une nervosité permanente. Ce trouble peut apparaître juste après le traumatisme ou de façon différée.

Bien que la majorité des personnes exposées à un événement traumatique ne développe pas un TSPT, certains facteurs comme des antécédents de troubles mentaux semblent en augmenter le risque. La psychothérapie est le traitement de première intention, qu’il s’agisse de thérapies d’exposition, d’EMDR ou d’hypnose.

Dans les formes sévères, des antidépresseurs ou des anxiolytiques peuvent être proposés. Le soutien de l’entourage est essentiel pour aider la personne à surmonter ses difficultés. Des associations proposent aussi des groupes de parole dédiés.

Des signes à ne pas négliger

Si les manifestations des troubles mentaux varient selon le type d’affection, certains signes généraux peuvent alerter sur une souffrance psychique. Un changement notable dans le comportement habituel, un retrait social, des difficultés de concentration, une consommation excessive d’alcool ou de drogues doivent amener à s’interroger sur la santé mentale de la personne. Certains symptômes physiques comme une grande fatigue, des troubles du sommeil ou une perte d’appétit peuvent aussi être des indices.

Dans tous les cas, une consultation médicale est nécessaire pour évaluer la situation et orienter vers une prise en charge adaptée. Car plus le trouble est détecté et traité précocement, plus les chances de rétablissement sont importantes.

A noter : Même lorsqu’on souffre d’un trouble mental, il est possible de mener une vie épanouie. Nombreuses sont les personnalités qui ont témoigné de leur parcours, comme la présentatrice télé Mélissa Theuriau qui a révélé avoir traversé une dépression, ou l’actrice Catherine Zeta-Jones qui a parlé ouvertement de son trouble bipolaire. Leur exemple montre que le rétablissement est possible et qu’on peut réussir sa vie malgré la maladie.

Il est important aussi de rappeler que même si les troubles mentaux restent encore trop souvent source de préjugés, ce sont des maladies comme les autres, avec des causes multiples et pour lesquelles il existe des traitements efficaces.

Avoir un trouble mental n’est pas une fatalité, et avec un accompagnement approprié et bienveillant, le rétablissement est possible. Briser le tabou qui entoure ces maladies est essentiel pour permettre à toutes les personnes concernées d’accéder aux soins dont elles ont besoin, sans crainte d’être jugées ou stigmatisées. Des campagnes de sensibilisation comme les Semaines d’Information sur la Santé Mentale (SISM) y contribuent chaque année. N’hésitez pas à vous renseigner et à en parler autour de vous, c’est ainsi que les choses peuvent changer !

Bon à savoir : Si vous ou un proche traversez une période difficile, vous pouvez appeler le numéro national de prévention du suicide, le 3114, ouvert 24h/24 et 7j/7. D’autres lignes d’écoute anonymes et gratuites existent, vous pouvez en retrouver une liste sur le site Sante.gouv.fr.

Prendre soin de sa santé mentale, une nécessité pour tous

Au-delà de la prise en charge des troubles mentaux avérés, il est essentiel de rappeler l’importance de prendre soin de sa santé mentale au quotidien. Chacun peut traverser des périodes de fragilité psychologique à certains moments de sa vie. Mettre en place des stratégies pour cultiver son bien-être émotionnel permet de prévenir l’apparition de troubles plus sévères, ou de favoriser le rétablissement en cas de maladie.

Prendre soin de soi passe notamment par le maintien d’une hygiène de vie équilibrée, en veillant à avoir un sommeil de qualité, une alimentation saine et une activité physique régulière. La gestion du stress est un autre élément clé. Différentes approches comme la relaxation, la méditation, la cohérence cardiaque ou encore l’activité artistique peuvent aider à mieux réguler ses émotions. Cultiver des relations sociales positives et s’accorder des moments de détente et de loisirs sont aussi des leviers puissants pour entretenir un équilibre psychique. Il est important d’être à l’écoute de ses besoins et de ses limites, pour adapter son rythme en fonction de son état émotionnel.

Exemple : Depuis qu’elle a commencé son nouveau travail, Juliette rentre souvent épuisée et stressée. Pour prendre soin de son bien-être mental, elle a décidé de s’inscrire à un cours de yoga hebdomadaire et d’instaurer un rituel de méditation de quelques minutes chaque soir. Le week-end, elle prend le temps de voir ses amis et de s’adonner à sa passion du jardinage. Grâce à ces changements, elle a retrouvé un meilleur équilibre et se sent plus sereine pour affronter son quotidien professionnel.

Notre santé mentale est tout aussi importante que notre santé physique, et mérite qu’on lui accorde toute notre attention. En étant à l’écoute de soi, en cultivant des habitudes de vie favorables à l’équilibre psychique et en osant demander de l’aide en cas de besoin, il est possible de préserver son bien-être émotionnel. Les troubles mentaux sont encore trop souvent vus comme un sujet tabou, mais parler ouvertement de ces maladies et déstigmatiser ceux qui en souffrent est un enjeu majeur de santé publique.

Chacun peut agir à son niveau, en s’informant, en faisant preuve de bienveillance et de compréhension envers les personnes atteintes. C’est ainsi que collectivement, nous pourrons faire évoluer le regard de la société sur la santé mentale, pour que toutes les personnes concernées puissent accéder aux soins dont elles ont besoin, sans crainte d’être jugées ou mises à l’écart.

Pour en savoir plus sur les troubles mentaux et trouver des ressources d’aide et de soutien, vous pouvez consulter le site de la fondation FondaMental, dédié à la recherche et à l’information du public sur la santé mentale. Le Psycom propose également des brochures et des guides très complets sur les différents troubles, ainsi qu’un annuaire recensant les structures de soins partout en France. N’hésitez pas à diffuser ces ressources autour de vous, elles peuvent aider de nombreuses personnes à faire le premier pas vers le soin et la guérison.